(Hicham, Aurore et Clara de
NIFLHEIM)
Début mars 2007, le surprenant – et très bon ! – groupe de folk metal NIFLHEIM, originaire de la région parisienne, me fait le plaisir de se prêter au petit jeu des questions-réponses. La parole est donc à Hicham (guitare), Aurore (voix) et Clara (violon, voix) :
Laurent : Salut NIFLHEIM ! Pour commencer, pouvez-vous vous présenter
en quelques mots ? Depuis combien de temps le groupe existe-t-il ?
Hicham : Alors le groupe, ou plutôt la base du groupe,
existe depuis 2003. Mais bon, ça ne ressemblait pas vraiment au NIFLHEIM
de maintenant. D'ailleurs, il ne s'appelait pas encore NIFLHEIM. Je dirais
donc que le groupe existe vraiment depuis l'arrivée d'Aurore
en septembre 2004.
Sinon, pour présenter le groupe, après un premier temps où
on jouait pas mal de reprises (SONATA ARCTICA, NIGHTWISH, HAMMERFALL, WITHIN
TEMPTATION...), on a ensuite commencé à se trouver petit à
petit un style de prédilection. On peut dire que c'est vraiment le
côté folk metal qui ressort le plus, surtout maintenant avec
le renforcement des lignes de violon.
Clara : Les gens ont l'habitude de nous appeler la
bande de joyeux trolls, à cause du côté festif qui ressort
de nos lives, et je pense que c'est une bonne illustration du groupe.
Pour ma part, je suis arrivée dans NIFLHEIM en mars 2004, après
une énorme suite de hasards. À l'époque, Reney
intégrait la place de claviériste depuis peu, Ben était
encore à la batterie et Aurore n'avait pas encore rejoint le
groupe.
L : D'où vient le nom du groupe ? Vous êtes fans
de mythologie scandinave ?
Hicham : Alors comme tous les groupes, à un moment
est venu le temps de chercher un nom ! Entre temps, on avait choisi «
Potatoes », histoire de donner un nom pour réserver
la salle de répétition. C'est en lisant une BD de Thorgal que
j'ai eu l'idée d'appeler le groupe « NIFLHEIM » (à
un moment, Thorgal part y faire un tour). Comme ça plaisait à
tout le monde, on a finalement gardé ce nom.
Clara : Je ne connaissais pas le mot car j'étais
plus branchée mythologie celte. Aujourd'hui, on se rend compte
que l'image du NIFLHEIM, la terre des glaces et des morts, ne correspond
pas vraiment à l'ambiance du groupe, mais plutôt à
un groupe de black... Seulement, je pense que c'est toujours difficile
de choisir un nom quand on n'a pas une idée précise de
ce que deviendra le groupe. Maintenant que le groupe commence à se
faire connaître, difficile d'en changer, donc on continue la route
avec NIFLHEIM.
L : Comment se passe le processus de composition ? Certains membres
arrivent-ils avec des morceaux tout prêts ? Ou bien les compos se construisent-elles
en commun au fil des répètes ?
Clara : Disons qu'Hicham est le membre le plus actif
au niveau de la composition. Il est donc la plupart du temps l'initiateur
d'une future nouvelle composition. Ensuite, chacun vient rajouter sa
patte pour son propre instrument ou dans diverses modifications de riffs,
mélodies, structures, etc.
Mais il arrive aussi bien sûr que des idées d'autres membres
donnent naissance à des débuts de compos comme Prophecies
of a coming fall que vous découvrirez sur notre futur album !
L : Et pour les textes ?
Hicham : Ha ben là, c'est Aurore qui s'y colle, sauf
pour Fenrir ou Lost in Broceliande. Lors de la composition
de ces morceaux, elle ne faisait pas encore partie de la formation, et c'est
Clara qui s'en est chargée (à ce moment là elle occupait
le poste de chanteuse :-)).
Aurore : Ah oui, les textes ! Quand je suis arrivée,
on m'a demandé d'écrire les paroles de Dancing with a troll...
Vu le titre, j'ai tout de suite compris à quel genre de délire
j'avais affaire. Pas facile d'imaginer une histoire où l'on pourrait
danser avec un troll ! Par la suite, je me suis beaucoup documentée
sur la mythologie scandinave pour élargir mes connaissances. Il ne
restait plus qu'à les adapter pour faire des textes plus ou moins sérieux.
Cependant, il est difficile de s'impliquer quand on raconte un mythe, voilà
pourquoi j'écris aussi des histoires plus personnelles où je
me cache derrière une guerrière esseulée !
L : Votre musique possède un côté folk certain.
Quelles sont vos principales influences metal et hors metal ?
Clara : Dans mon enfance j'ai toujours été
bercée par la musique traditionnelle bretonne et celte, même
si j'ai suivi une formation classique en Conservatoire. Mon jeu reste donc
issu de la musique classique, même pour les phrasés les plus
folks, et je pense que cela apporte aussi une originalité par rapport
aux groupes utilisant uniquement le violon folk. J'aimerais tout de même
acquérir des techniques de fiddle (violon irlandais) pour
éventuellement métisser mon jeu.
Hicham : Personnellement, c'est plutôt des groupes
comme RHAPSODY ou HAMMERFALL qui m'ont fait découvrir et apprécier
les sonorités « celtico-irlandaises ». Ce n'est que
plus tard que j'ai écouté du Loreena McKennitt ou du TRI
YANN.
Aurore : Moi, je suis entrée dans le metal par le
black. Etonnant non ? Même si je n'écoute plus trop ce
genre de musique, je dois dire qu'au niveau des textes, j'ai ressenti
une sorte d'inspiration mélancolique. Bien sûr, les textes
de NIFLHEIM en sont loin ! En ce qui concerne ma voix, je dirais que côté
lyrique, ce serait plutôt NIGHTWISH, WITHIN TEMPTATION, Loreena McKennitt,
etc. Pour le heavy, je dirais SINERGY et, en ce qui concerne la pêche
sur scène, un mélange de folk bretonne et d'EVANESCENCE
!
L : Et de quelles grandes formations souhaiteriez vous éventuellement
faire un jour la première partie ?
Clara : BLACKMORE'S NIGHT, ou pourquoi pas un groupe
de pagan comme ELUVEITIE.
Hicham : IRON MAIDEN !!!!! (On peut toujours rêver...)
Aurore : Je dirais WITHIN TEMPTATION.
L : Pas mal de groupes de metal mélodique ont, comme vous,
une chanteuse derrière le micro. Pas trop dur de marquer sa différence
? Comment le ressens-tu, Aurore ?
Aurore : Eh bien, il ne sert à rien de mentir. Oui,
c'est dur. Il est humain de comparer ;-). Mais bon, on essaye de se démarquer
comme on peut. Pour ma part, je pense que la richesse que je peux apporter
de ce côté-là, c'est d'alterner les voix lyriques et heavy
pour donner tour à tour une touche de sensibilité féminine,
et une pêche digne d'un homme énervé...
L : Excellente, et pas si courante que ça, l'idée
du violon ! D'où vous est-elle venue ?
Clara : Je ne crois pas que c'était un projet pour
le groupe au départ. Il se trouve que je suis arrivée là
avec mon violon sous le bras ! On a commencé par l'intégrer
dans une reprise instrumentale de Pakanajuhla de MOONSORROW, puis
après la venue d'Aurore, il est devenu un instrument aussi important
que les autres. Je pense que c'est l'envie d'écrire aussi pour le violon
qui a donné ce côté folk et celtique au groupe. D'ailleurs,
la première composition écrite après l'intégration
du violon est Dancing with a troll. Il n'y a qu'à regarder
l'EP : Lost in Broceliande et Fenrir, qui ont été
écrites avant mon arrivée, sont beaucoup plus metal mélo
/ sympho, tandis que DWAT et Loki's coming, qui ont été
écrites après, sont basées sur ce mélange heavy
/ folk.
Hicham : Oui, c'est vrai qu'au départ,
on avait plus l'idée de faire du speed metal symphonique, mais
il se trouvait que notre chanteuse (Clara) jouait aussi du violon. Du coup,
on a voulu essayer d'en profiter pour en rajouter dans les compositions,
puis petit à petit, le violon a commencé à prendre de
plus en plus d'importance.
L : Et Clara, tu chantes aussi !
Clara : Effectivement, car l'apprentissage en Conservatoire
passe par le chant choral, et comme j'aimais aussi beaucoup chanter,
j'ai rejoint par la suite la Maîtrise du Conservatoire de Rouen
parmi les sopranos solistes.
C'est d'ailleurs en tant que chanteuse que j'ai été
intégrée dans NIFLHEIM au départ. Mais le groupe, qui
possédait déjà son identité heavy et metal mélo,
officiait aussi bien dans les reprises de NIGHTWISH que de SONATA ARCTICA
et HAMMERFALL.
Ma voix et ma tessiture ne correspondant pas du tout aux adaptations de chant
heavy masculin, j'ai beaucoup galéré, et j'avais
la voix cassée à chaque répète. J'ai donc
eu peur pour mes cordes vocales, et pour le groupe qui ne pouvait pas aller
là où il voulait avec mon type de voix. Nous avons donc passé
une audition pour recruter une nouvelle chanteuse, et Aurore est arrivée,
parfaite pour le groupe avec sa voix qui navigue habilement entre chant classique
et chant heavy, le tout dans une tessiture d'alto à mezzo soprano.
Nos deux voix se complétant donc parfaitement bien, j'ai continué
à chanter malgré tout en assurant les chœurs.
Aurore : Entièrement d'accord ! La voix de
Clara possède ce côté fragile et cristallin que j'aime
tant : quelques grammes de finesse dans un monde de trolls !
L : Votre démo sonne vraiment très pro. L'avez-vous
produite vous-mêmes ? Comment s'est passé l'enregistrement
? Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
Hicham : Beauuuuuuuucoup de temps ! En fait, on va dire
que l'enregistrement de la démo s'est fait en deux parties.
Tout d'abord suite à un concert qu'on a fait fin juin [NDL
: 2005] pour une association, on s'est vu proposer par un des membres
(qui joue d'ailleurs du saxophone dans le groupe de jazz de Reney),
des heures d'enregistrement / mixage gratuites.
On a donc commencé comme ça. Le problème, c'est
que le studio était plutôt très sollicité et que
les seules plages horaires disponibles étaient en pleine journée
pendant la semaine (le studio fermait aussi pendant les vacances). On a donc
eu beaucoup de mal à pouvoir se retrouver là bas.
Après plusieurs séances très espacées dans le
temps, on a finalement décidé de continuer nous-mêmes.
L : Le line up du groupe a évolué depuis ce CD. D'où
vient l'idée, originale et également alléchante,
du violoncelle ?
Clara : C'était une idée que j'avais
déjà évoquée à une époque, car mon
petit frère est violoncelliste, et car violon / violoncelle s'accordent
évidemment très bien ensemble.
Quand Reney a quitté le groupe, l'idée a donc refait surface,
et on a décidé de tenter l'expérience.
Pour l'instant, Marie est obligée de s'adapter sur les
neuf chansons déjà écrites et jouées en live,
mais elle influencera certainement la composition des futures chansons comme
a pu le faire le violon.
L : Plus de clavier, donc !
Clara : Reney est parti pour divergences musicales et surtout
par faute de temps due à ses études de kinésithérapie,
mais il reste malgré tout attaché au groupe, et s'est proposé
pour faire les orchestrations sur le futur album, comme on peut en entendre
sur notre EP Lost in Broceliande. Peut-être que par la suite,
on intègrera quelques samples en live, mais pour l'instant, on se concentre
sur l'intégration du violoncelle.
L : Quels sont les premiers échos, en concert, face à
cette nouvelle formation ?
Clara : Certains regrettent un peu le côté
symphonique qu'apportait le clavier, mais à nous de nous débrouiller
pour réarranger les compos et que ce manque ne se fasse plus sentir.
Dans l'ensemble, ça passe tout de même très bien,
et on attend les prochains lives pour que le violoncelle prenne sa place.
Aurore : Moi, je me rappelle que lors des balances d'un
de nos derniers concerts, l'ingé son a demandé d'abord
de ne jouer que violon / violoncelle et que bien des « metalleux »
furent touchés par la grâce !
L : Quelle est la prochaine étape ? Un véritable album
? Pour quand ?
Clara : Effectivement, un album est prévu et commencera
à être enregistré cet été.
Hicham : Pour début 2008, si tout se passe bien !
L : Y aura-t-il d'autres collaborations avec l'artiste
[NDL : Anne-Claire Payet] qui a réalisé votre (magnifique) pochette
?
Clara : Etant donné la qualité de son travail
et l'accueil que lui a réservé le public, je crois qu'on
peut dire assurément : oui ! Elle a d'ailleurs réalisé
le nouveau fond de notre site Internet. Pour l'album, on se tournera
donc très certainement vers elle à nouveau, car son style correspond
vraiment bien à notre musique et à nous tous.
Hicham : Oui, c'est vrai qu'Anne-Claire est
vraiment très douée, et on adore tous ce qu'elle a fait
pour nous Je ne vois pas de raison de ne pas continuer ensemble.
L : Merci beaucoup pour cette interview ! Bonne continuation ! J'espère
vous voir très bientôt en concert... peut-être même
un jour à Dijon ;-) !