Le Palais de Laurent - section Iron Maiden

 

"Somewhere back in time world tour 08"

Mercredi 2 juillet 2008
Paris
Palais Omnisport de Paris Bercy

(Entrées : 17 000)

 

Iron Maiden

AVENGED SEVENFOLD

Lauren Harris

 

 

Somewhere back in time world tour 2008

 

Arrivés devant Bercy aux alentours de 15h30, c'est sous une pluie battante mais néanmoins dans la bonne humeur et avec une excitation certaine que mon vieux pote Cyril, notre ami perpignanais Bruno (rencontré à Bercy en juin 2003) et moi rejoignons la file qui conduit à la fosse. Les fans se serrent déjà sur une trentaine de mètres, entassés entre deux barrières grillagées de deux bons mètres de hauteur. L'organisation du concert a-t-elle peur de la fraude ? Quoi qu'il en soit, les discussions vont bon train avec des fans venus d'un peu partout en France et même de l'étranger. Quelques commentaires sur les concerts de la veille (même lieu, même affiche !) nous font encore plus trépigner d'impatience... Finalement, malgré la météo plus que maussade, l'attente passe relativement vite. Quelques excités viennent même nous divertir un peu en voulant en découdre avec les fans de Maiden, armés d'une bouteille de verre cassée et d'une ceinture. Ils se font éjecter manu militari par la sécurité, efficace et bien présente en bordure du POPB, avant que des renforts de police ne viennent embarquer vite fait bien fait ce beau monde sous les applaudissements nourris du public de metalleux (une fois n'est pas coutume !).

À 18 h00, les portes s'ouvrent enfin et, au terme d'un petit sprint, nous pouvons rejoindre les premiers rangs, côté jardin, étonnés de ne nous retrouver qu'à quelques centimètres des barrières, idéalement placés juste devant les enceintes de gauche et en face de l'endroit où Dave Murray arpente habituellement la scène. Le public arrive peu à peu, les discussions continuent, et la salle est déjà bien remplie lorsque les lumières s'éteignent, marquant le début du premier show de cette soirée, guère après 19h30.

C'est Lauren Harris, la fille de vous-savez-qui (mais non, pas Lord Voldemort ;-) !), qui a la lourde tâche d'ouvrir les hostilités. Une bannière faisant la promotion de son premier album tout juste sorti dans les bacs, The calm before the storm, décore le fond de la scène.

Set-list Lauren Harris :

1. Natural Thing
2. Your Turn
3. Like It Or Not
4. Let Us Be
5. Steal Your Fire
6. Come On Over

 

La demoiselle, que je ne connaissais que de nom, propose un pop rock mélodique plutôt plaisant à défaut d'être transcendant. L'accueil des fans de Maiden est assez positif compte tenu du fait que la musique de Lauren est tout de même relativement éloignée du metal. En tout cas, le groupe tient fort bien la route et les musiciens, notamment un guitariste et le bassiste (vu leur âge, plutôt des copains de papa ?) assurent le spectacle. La chanteuse, toute de noir vêtue et les pieds nus, n'est pas en reste et se démène en faisant preuve d'une belle présence scénique. Elle se fait d'ailleurs chaleureusement applaudir en saluant le public à plusieurs reprises en français. Juste devant nous, un fan parvient même à jeter une rose à la miss pour son anniversaire, ce qui nous vaudra de nombreux passages de Lauren juste en face de nous. Merci à Dagienny, du site français de Lauren Harris. Bravo pour ta ténacité !

Il est près de 20h00 quand les lumières se rallument pour un petit quart d'heure, le temps de préparer la scène pour les américains d'Avenged Sevenfold, deuxième groupe de la soirée juste avant la tête d'affiche tant attendue ! N'ayant jamais entendu la musique du groupe, qui possède pourtant une petite renommée internationale, je n'ai à ce moment aucun a priori négatif vis-à-vis de ces garçons. Pourtant, ce sont quarante très longues minutes de calvaire que nous allons subir, écoutant - les doigts dans les oreilles - une sorte de néo-metal agressif servi par des musiciens au look de poseurs (le chanteur aux gros bras tatoués, genre sorti de prison, caché derrière des lunettes noires... ridicule !). Le son du groupe est trop fort, désagréable et mal mixé : la double pédale et la basse nous vrillent la tête. Pire peut-être encore que Murderdolls en 2003. Comment le management de Maiden fait-il pour nous trouver des premières parties aussi peu adaptées au public ? Mystère. Avenged Sevenfold a beau avoir quelques fans dans la salle, le public, dans sa grande majorité, siffle et hue. On voit même quelques majeurs levés pendant que s'élèvent des "Maiden, Maiden..." Heureusement, on se distrait comme on peut en voyant apparaître sur le bord de la scène Lauren Harris, puis Nicko McBrain himself, venus jeter un œil au show des Américains (mais quelle idée ?).

C'est avec un réel soulagement que nous accueillons cette fois le retour des lumières dans la salle. Durant une vingtaine de minutes, Bercy chante quasiment sans discontinuer. Nous en profitons pour taper la causette avec un couple d'une quarantaine d'années venu du Limousin. L'homme nous raconte ses souvenirs émus de la tournée de 1984 à laquelle il avait assisté à Bordeaux. L'excitation monte encore d'un cran si c'était possible ! À 21h15, la bande son de Doctor Doctor de UFO, qui annonce depuis plusieurs tournées déjà le début du set de la Vierge de Fer, résonne dans la salle, reprise en chœur par des milliers de voix.

Set-list Iron Maiden :

1. Intro : Transylvania + Churchill's speech
2. Aces High
3. Two Minutes To Midnight
4. Revelations
5. The Trooper
6. Wasted Years
7. The Number Of The Beast
8. Can I Play With Madness?
9. Rime Of The Ancient Mariner
10. Powerslave
11. Heaven Can Wait
12. Run To The Hills
13. Fear Of The Dark
14. Iron Maiden
15. Moonchild
16. The Clairvoyant
17. Hallowed Be Thy Name

 

Les lumières se réteignent pendant que défilent sur deux écrans géants disposés de part et d'autre de la scène des vidéos montrant les musiciens de Maiden en tournée ainsi que des fans un peu partout dans le monde, le tout sur la musique de Transylvania. Puis c'est le mythique Churchill's speech qui retentit, comme à l'époque glorieuse du "World slavery tour". Les premiers rangs de la fosse, où nous nous trouvons, se compriment et c'est l'entrée en scène des légendes britanniques dans une explosion de lumière et de décibels sur le fantastique Aces High.

Le moment est tout bonnement magique : cela a beau être la quatrième fois que je vois Maiden sur scène, je ne m'habitue toujours pas à voir mes idoles absolues de si près, et avec une telle patate ! D'autant que ce soir, toutes les conditions sont réunies pour que l'on en prenne plein les yeux et plein les oreilles. Le décor de scène, splendide et impressionnant, reprend le thème égyptien que l'on a pu découvrir dans le Live after death, éclairé par des lights innombrables. Et puis Maiden est déchaîné ! Les musiciens ont l'air contents d'être là : Bruce (coiffé d'un bonnet !) court et saute comme d'habitude dans tous les sens, Steve harangue la foule comme jamais, un pied sur les retours, Dave arbore un sourire jusqu'aux oreilles, Adrian est carré et appliqué, Janick danse comme un fou furieux sur son côté droit tandis que Nicko... cogne comme un bûcheron ! Je trouve le son très bon (surtout la guitare de Dave Murray avec une chouette réverb), bien meilleur en tout cas qu'en juin 2003 où je me trouvais à peu près au même endroit. La fosse est également un peu moins étouffante et les mouvements de foule sont moins violents, sans doute l'effet de la double fosse mise en place pour ce concert. Il est du coup plus aisé de suivre la musique qu'en étant balancé dans tous les sens comme c'était le cas cinq ans auparavant. Le public entier est acquis à la cause des dieux vivants du metal et chante avec Bruce l'intégralité des paroles. Quel plaisir que d'entendre une aussi grande salle que Bercy vibrer toute entière en communion avec un groupe comme Maiden !

Après la folie du premier morceau, on a droit à Two Minutes To Midnight, puis Revelations (monstrueux !) avant que Bruce ne nous explique modestement (lol) et en français que cette tournée est la plus grande de 2008 et que "Iron Médan" joue en France devant 35 000 fans en deux soirs à Bercy ! Sur The Trooper, Bruce nous fait son numéro habituel mais toujours efficace du soldat britannique brandissant l'Union Jack. Un très apprécié Wasted Years nous est ensuite proposé. Que ça fait du bien d'entendre les riffs magiques de Mr Adrian Smith ! Puis, c'est The Number Of The Beast où Bruce nous prouve qu'à bientôt cinquante ans, il a gardé une sacrée pêche en atteignant sans forcer les notes les plus aiguës. Et je ne vous parle même pas de l'apparition de diables à l'arrière de la scène et des effets lumineux du plus bel effet !

Bruce s'approche ensuite d'Adrian et s'amuse un peu avec lui en lui faisant lancer la première phrase du morceau suivant : "One, two... one, two, three, four... Can I Play With Madness?". Pendant ce temps, les décors de fonds de scène s'enchaînent, tirés de Powerslave, Somewhere in time, ou Seventh son of a seventh son, quand ce n'est pas un petit mix des trois comme dans l'affiche de la tournée !

C'est alors que survient ce qui, à mes yeux, représente le moment fort et central du set gigantesque des anglais. Bruce lui-même nous l'annonce : ce soir, "comme à Long Beach Arena, California, en 1985, The Rime Of The Ancient Mariner !" C'est peut-être bien le meilleur moment de Maiden sur scène auquel j'ai eu la chance d'assister. Le décor est à présent celui du bateau hanté évoqué par la chanson. Bruce a revêtu des haillons noirs et les musiciens interprètent ce titre épique avec une théâtralité assumée. Pendant le break calme au milieu des 15 minutes du morceau, les spots descendent du plafond et tanguent lentement pendant que de la fumée envahit la scène. On se croirait vraiment à bord du navire du vieux marin, avec des craquements de bois particulièrement réussis ! Lors de l'explosion du final, les musiciens nous offrent encore un superbe moment, avec les trois guitaristes placés côte à côte et visiblement contents d'être sur scène. Puis sans la moindre pause, c'est Powerslave (quel enchaînement de rêve !) avec le fameux masque à plumes tout droit sorti du Live after death. Le break du milieu est encore un moment magique, avec ses mélodies croisées de basse et de guitare.

On a ensuite droit à un Heaven Can Wait qui passe toujours très bien en live, avec quelques fans chanceux invités à venir faire les chœurs sur scène pendant les "woh oh oh" centraux. Après un Run To The Hills qui fait hurler de plaisir Bercy, le groupe démarre l'intro de Fear Of The Dark. Si le morceau peut sembler anachronique dans la set-list (il date de 1992 alors que le concert est censé se concentrer sur la période 1984-1988), c'est néanmoins un titre tellement fédérateur qu'il est absolument impossible d'en vouloir aux six anglais, surtout lorsque 17 000 voix entonnent la mélodie comme un seul homme.

Arrive alors le morceau Iron Maiden avec le retour tant attendu du Eddie-momie du "World slavery tour", des déchaînements pyrotechniques et des salves de feux d'artifice. "Scream for me Bercy!" nous lance Bruce qui sait toujours aussi aisément mettre le public dans sa poche. Le groupe est longuement acclamé par une salle en liesse avant que ne démarrent les traditionnels rappels. Là encore, le groupe nous propose du très lourd et sait faire preuve d'originalité. Il fallait oser en effet reprendre à ce stade du concert la trop rare Moonchild. Quel plaisir que d'entendre la voix de Bruce posée sur les accords de guitare sèche de Dave Murray qui marquent le début de l'album Seventh son : "Seven deadly sins..." Après ce morceau surpuissant, la basse de Steve Harris vrombit en attaquant les notes de l'intro de The Clairvoyant, avec étrangement un visuel tiré de Somewhere in time en fond de scène. C'est justement l'Eddie de l'album de 1986 qui vient faire une apparition remarquée sur scène pendant l'interprétation de ce titre, taquinant les musiciens (qui le lui rendent bien, surtout Janick Gers !) et menaçant le public de son pistolet. Enfin, c'est le cultissime Hallowed Be Thy Name qui vient clôturer près de deux heures de show semblables à un rêve éveillé ! Le groupe a tout donné et semble avoir terminé le concert sur les rotules, ce qui explique sans doute qu'il ne se soit pas attardé très longtemps sur scène après qu'aient fini de résonner les dernières notes. Mais vu la performance de ce soir, on leur pardonne aisément.

Comme nous l'a promis Bruce Dickinson ce soir, Iron Maiden se lancera dans l'enregistrement d'un quinzième album après la fin de cette tournée. Et rendez-vous est déjà pris, ici-même, à Bercy, fin 2009 ou début 2010. La Vierge de Fer ne semble pas prête encore à déposer les armes, et ce pour notre plus grand plaisir ! Up the irons!

 

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