Samedi 22 novembre 2003
Paris
Palais Omnisport de Paris Bercy
(Entrées : 17 000)
Quelle belle affiche que celle qui nous était proposée au POPB le 22 novembre 2003. En effet, Helloween et Maiden ayant chacun programmé un concert à Paris pour le même soir, Helloween a accepté d'ouvrir pour la Vierge de Fer. Je dois dire que j'attendais doublement cette date, content d'avoir ainsi l'occasion de découvrir les citrouilles sur scène, mais avec quelques appréhensions néanmoins, n'étant pas un grand fan des derniers disques des Allemands. C'est donc avec curiosité que j'attendais le début de cette soirée qui s'annonçait en tout cas spectaculaire. A noter qu'un t-shirt a été conçu spécialement pour l'évenement avec un Eddie surplombant Bercy. Sur le dos est écrit : "I danced with Death in France, Paris, 22 nov 2003". Très chouette !
Set-list Helloween :
1. Starlight
2. Keeper of the Seven Keys
3. Future World
4. Eagle Fly Free
5. Dr Stein
6. If I could Fly
7. How Many Tears
A 20 heures pile, Helloween déboule sur la scène d'un Bercy pas encore complètement rempli et nous balance un explosif Starlight issu du premier album du groupe. On peut dire que ça commence fort ! Le son est encore un peu brouillon mais s'améliorera au fil du concert. Suivront au cours des 55 minutes que durera le show des Allemands un certain nombre de morceaux d'anthologie, le groupe nous proposant une set-list en grande partie tirée des excellents Keeper of the seven keys I & II. Le seul titre récent s'avère être If I could fly, tiré de l'album The dark ride, qui passe très bien l'épreuve de la scène. Chose étonnante : pas un morceau du dernier album ne sera joué. Mais après tout, ce n'est pas si mal pour ceux qui comme moi découvrent Helloween live ce soir. Andi Deris est bien en voix et s'amuse énormément avec le public qu'il parvient bien à mettre dans sa poche. Très grand moment quand le chanteur présente (en français, attention ! ;-)) le "très court" morceau de 16 minutes qui donne leur titre aux deux grands albums classiques de l'ère Kiske ! A vrai dire, le groupe entier déborde d'enthousiasme (à l'exception peut-être de Weikath, et encore...), à commencer par le "petit nouveau", le guitariste Sascha Gerstner, dont la prestation fut vraiment très bonne. Le nouveau batteur fait également bonne impression. Les classiques s'enchaînent donc : Future world, Eagle fly free, Dr Stein, et pour finir un très vieux titre qui n'a pas pris une ride : How many tears. Très bon moment donc qui se terminera dans la bonne humeur avec l'arrivée sur scène de quelques roadies et de Nicko McBrain montrant l'heure aux musiciens d'Helloween. Sacré Nicko :-). Le public acclame le groupe qui a bien réussi sa mission pourtant délicate consistant à ouvrir pour Maiden.
A 20h55, les lumières de Bercy se rallument donc et la pression commence à vraiment monter dans les gradins et dans la fosse pendant que des techniciens démontent le matériel d'Helloween et commencent à préparer la scène pour Maiden.
Set-list Iron Maiden :
1. Wildest Dreams
2. Wrathchild
3. Can I Play With Madness
4. The Trooper
5. Dance Of Death
6. Rainmaker
7. Brave New World
8. Paschendale
9. Lord Of The Flies
10. No More Lies
11. Hallowed Be Thy Name
12. Fear Of The Dark
13. Iron Maiden
14. Journeyman
15. The Number Of The Beast
16. Run To The Hills
21h20, les lumières s'éteignent enfin. Après une intro tirée de Carmina Burana, c'est avec Wildest dreams que les Anglais ouvrent les hostilités. Quoi que l'on puisse penser de ce premier single du nouvel album, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est efficace sur scène ! C'est un Bercy à présent plein à craquer qui chante avec Bruce "I'm on my way. Out on the road again!" Très bon début de concert. Bruce, fidèle à ses habitudes est intenable et fait des bonds impressionants par dessus les retours (il est d'ailleurs arrivé sur scène avec un ballon de rugby qu'il a lancé dans la foule, clin d'œil à la victoire de l'Angleterre en coupe du monde le matin même). On s'en prend vraiment plein la tête d'entrée (le son est énorme mais très bon, bien meilleur qu'au concert de juin d'ailleurs)... et plein les yeux ! Les décors sont vraiment magnifiques. Maiden ne s'est pas moqué de nous : la scène représente un grand château avec des silhouettes encapuchonnées et une atmosphère mystérieuse, splendide !
Les Anglais enchaînent rapidement sur un efficace et rentre dedans Wrathchild. Classique mais toujours aussi bon après toutes ces années. Rien à dire, le public est déjà fou !
Et là, petite surprise avec le retour dans la set-list de Can I Play With Madness qui n'avait plus été jouée live depuis un bon moment. Bonne surprise et le public réagit bien. Derrière la scène, on peut voir l'illustration de la pochette du titre par Dereck Riggs.
Arrive ensuite The trooper, un titre récurrent des set-lists de Maiden mais dont on ne se lasse pas. Le fameux Eddie illustrant le titre a désormais fait son apparition derrière la scène et Bruce chante comme à son habitude en brandissant l'Union Jack et en courant dans tous les sens !
Premier moment de pause pour le groupe et le public puisque Bruce rappelle en français au public de Bercy que Maiden a tenu sa promesse d'être revenu en novembre pour présenter son nouveau spectacle. On sent que Bruce prend plaisir à parler français et le public adore ! Le charismatique chanteur remercie alors la France d'avoir amené le nouveau disque en troisième position des ventes d'album : "Ce n'est pas grâce à nous, ce n'est pas grâce à la maison de disques, ce n'est pas grâce à MTV (sifflements du public ;-)), c'est grâce à vous !" On peut dire qu'il sait y faire pour faire hurler le public !
Le groupe nous joue donc justement la chanson titre de l'album,
premier grand moment épique du concert et l'occasion de vraiment voir
ce que rendent les nouveaux titres en live. En intro, on entend résonner
dans la salle les célèbres vers de Shakespeare :
"There are more things in heaven and earth, Horatio,
Than are dreamt of in your philosophy". (Hamlet, acte I, scène
5)
Et on est vite fixés sur la valeur de la chanson en concert avec une
interprétation encore plus spectaculaire et théatrale que sur
l'album (où c'était déjà du très bon !) grâce
notamment aux décors qui contribuent à mettre dans l'ambiance
(avec une très belle peinture de la pochette du disque, bien plus jolie
en tout cas que les horribles images de synthèses que l'on connaissait),
aux jeux de lumière superbes, à la chorégraphie que nous
offre Bruce (masqué tout d'abord, puis vêtu d'un manteau encapuchonné
comme le Eddie que l'on peut voir sur la pochette pour finir dans une incroyable
danse au milieu de la scène !) et aux enchaînements parfaits entre
parties calmes et acoustiques et explosions sonores. Ce Dance of Death
est décidément très convaincant !
Suit un Rainmaker survolté et au tempo encore plus rapide que sur l'album. Les trois guitaristes s'en donnent ici à cœur joie, notamment sur les harmonies de la deuxième partie du titre. Comme d'habitude, l'interprétation de Maiden est parfaite.
Maiden enchaîne avec le déjà classique Brave new world dont le public chante le refrain à tue-tête. Grand succès encore que ce titre.
Ensuite les lumières s'éteignent, des bruits de
bataille se font entendre (un peu à la One de Metallica) et Bruce
déclame quelques vers de Wilfred Owen :
"What passing-bells for these who die as cattle?
Only the monstrous anger of the guns.
Only the stuttering rifles' rapid rattle [...].
No mockeries now for them; no prayers nor bells,
Nor any voice of mourning save the choirs,--
The shrill, demented choirs of wailing shells". (Anthem for Doomed
Youth)
Le décor a changé : l'on découvre un arrière plan
de guerre, terrifiant, représentant un champ de bataille et des tranchées.
Des barbelés courent derrière la scène et le corps d'un
soldat tombé au front git sur le sol. Bruce apparaît vêtu
en soldat anglais de la première guerre mondiale, en long manteau et
casque lourd. Lorsque le charleston de Nicko se met à résonner
tout doucement dans la salle suivi de près par le petit thème
de guitare en tapping joué par Adrian, c'est tout Bercy qui retient son
souffle. Puis c'est la voix de Bruce qui s'élève, calme et profonde...
avant une véritable explosion sonore ! Impressionant ! Les passages calmes
succèdent aux parties très heavy dans un morceau d'une complexité
et d'une force comme on en n'entend pas souvent. Ce à quoi l'on a assisté
ce soir dépasse de loin le cadre de l'interprétation d'un morceau
de metal ou de rock en général. Sans doute le plus grand moment
du concert avec une mention spéciale à un Adrian Smith parfait
d'un bout à l'autre !
Quel titre Maiden va-t-il pouvoir faire succèder à ce chef d'oeuvre ? Va-t-on avoir droit à un autre morceau épique ? A un titre rapide ? Eh bien ce sera Lord of the Flies ! Grosse surprise dans la salle qui ne s'attendait pas du tout à entendre ce titre qui a priori ne semble pas faire partie des meilleurs de The X factor. Force est pourtant de constater que la chanson passe ici très bien, aidée il est vrai par une grande performance encore une fois de Dickinson qui parvient véritablement à la sublimer. Qu'on ne dise pas en tout cas que Maiden joue toujours les mêmes morceaux en concert ! ;-)
Suivra un autre grand moment avec le troisième titre "épique" de Dance of Death joué ce soir à savoir No more lies. Un nouveau décor somptueux vient prendre place derrière la scène tandis que l'intro commence doucement, en acoustique avant de monter en puissance avec un refrain hallucinant. Ce titre apporte la confirmation que comme Dance of Death et Paschendale, les titres du dernier album jouant sur les ambiances et les atmosphères prennent une toute autre dimension sur scène.
Et alors que l'on a encore du mal à se remettre de ce que l'on vient d'entendre, les six Anglais enchaînent sur ce qui est peut-être leur titre le plus culte : le mythique Hallowed be thy name ! Comment résister à un tel chef d'œuvre du metal ? Impossible de se lasser de ce morceau, même après des centaines et des centaines d'écoutes.
Et ce n'est pas fini : Fear of the dark suit juste après, repris en choeur par un Bercy aux anges ! Rares sont les groupes qui peuvent enchaîner ainsi autant de morceaux qui font partie de la légende du metal !
Enfin arrive l'inamovible hymne Iron Maiden, signe que le set arrive à sa fin. C'est également l'occasion de l'arrivée du traditionnel Eddie, plutôt bien réussi d'ailleurs avec sa capuche et sa faux. La salle hurle plus que jamais et lorsque le groupe quitte la scène après avoir remercié le public, les rappels résonnent dans le POPB à en faire trembler les murs.
Le groupe fait donc sa réapparition et Bruce nous explique que l'histoire de Maiden est loin d'être terminée. C'est ainsi qu'il nous présente Journeyman (après nous avoir "introduit ses copains" (sic ;-)), le premier titre entièrement acoustique de la Vierge de Fer. C'est à une très belle première que nous assistons : Maiden, assis sur des tabourets, jouant sur des guitares folk. Un peu déroutant au premier abord mais au bout du compte grandiose. Surtout lorsque le public se met à chanter le refrain avec Bruce.
"Woe to you oh earth and sea..." Le spectacle n'est pas fini et c'est à présent l'heure du fameux Number of the beast, légendaire lui aussi. Le public est encore une fois complètement déchaîné et ravi d'entendre cet autre classique, toujours aussi puissant.
Maiden enchaîne immédiatement avec Run to the hills qui cloturera avec brio la soirée, comme c'était déjà le cas sur les tournées précédentes. Rien à redire, comme d'habitude.
Il est 23h15, les lumières de Bercy se rallument et c'est à regret que l'on quitte déjà la salle. Concert magnifique, splendide, dont le seul et unique défaut aura été d'être trop court ! Les musiciens tout comme le public ont visiblement pris beaucoup de plaisir ce soir. Iron Maiden a par ailleurs confirmé qu'il était encore et toujours une bête de scène incroyable, capable de mettre deux fois dans l'année Bercy à genoux ! Steve Harris, que l'on avait dit pourtant peu en forme a harrangué la foule comme jamais, Dave Murray a été comme d'habitude inpeccable, tout comme Adrian Smith et Nicko McBrain. Janick Gers a... euh... dansé comme à chaque fois presque toute la soirée allant jusqu'à lancer sa guitare bien près des spots à la fin du concert. Je pense qu'il est inutile de revenir sur la performance de Bruce Dickinson ! Chapeau bas donc aux vétérans anglais qui continuent encore et toujours leur marche en avant sans jamais se reposer sur leur (pourtant glorieux) passé, prenant le risque de nous présenter ce soir six titres de leur dernier album. La première partie était très bonne aussi et on peut vraiment dire que les spectateurs en ont eu pour leur argent. Sans doute l'évènement metal de l'année qu'il aurait été bien dommage de rater !
Up the Irons!