(Studio, 2010)
En 2010, beaucoup pensaient Maiden fini, moribond, au fond du trou. Et lorsque
le groupe annonça la sortie de son quinzième album studio intitulé
The final frontier, nombreux sont ceux qui virent là le possible
chant du cygne d'un groupe vieillisant et fatigué. Certes, leur précédent
album, A matter of life and death, avait reçu de bons échos
de la part du public et de la presse, mais les britanniques pouvaient-ils rester
encore et toujours au sommet après trente-cinq longues années
de carrière ?
La simple vision de la pochette de ce nouveau disque permet heureusement rapidement
de dissiper les craintes du fan légitimement anxieux. Eddie y apparaît
dans une version futuriste, mais surtout plus conquérante que jamais
! C'est donc avec une certaine confiance que l'on peut commencer l'écoute
des dix titres formant ce quinzième opus.
Et ce dernier propose effectivement tout ce que Maiden sait faire de mieux.
L'intro, Satellite 15 pourra en dérouter certains. Maiden innove
avec une montée en puissance portée par une batterie presque tribale
et un duo chant-guitares psychédélique que l'on n'aurait osé
attendre de la part de la Vierge de Fer. Original ! Résonnent alors les
premiers riffs de The final frontier qui nous ramènent en terrain
connu : un titre d'ouverture pêchu au refrain aisément mémorisable
et taillé pour la scène. Les huit autres titres vont alors s'enchaîner
sans faiblesse ni temps mort. Ici, aucun titre de remplissage comme on a pu
parfois en trouver sur de précédents albums.
Bruce apparaît particulièrement en forme, jouant d'une voix qui
se fait plus théâtrale que jamais. Cela est particulièrement
sensible sur le single El Dorado ou encore la splendide "power
ballad" chargée d'émotion Coming home (la meilleure
depuis Wasting love). Mais les autres musiciens s'en donnent également
à cœur joie, notamment sur les titres épiques qui ne sont
pas en reste : The isle of Avallon, Starblind ou The talisman
sont de véritables perles où le côté progressif du
Maiden des années 2000 est maîtrisé au plus haut point.
The alchemist, le titre le plus rapide de l'album, n'aurait pas dénoté
sur un Piece of mind par exemple. When the wild wind blows, qui clot l'album,
est également un superbe morceau qui se termine en douceur, évoquant
la fin du monde, qui pourrait, il est vrai, être aussi celle de Maiden...
J'en ai des frissons !
Les lyrics de The final frontier sont aussi bien écrits et variés
que la musique et, si le thème général du disque est l'espace
et la science fiction, le groupe a su glisser suffisamment de doubles sens et
de subtilités pour apporter une véritable profondeur aux chansons.
Bon nombre d'écoutes seront nécessaires si l'on veut en percer
tous les secrets !
Au final, cette quatrième collaboration avec le producteur Kevin Shirley
nous offre un album vivant et pleinement abouti, sans doute le plus homogène
proposé par Iron Maiden depuis l'insurpassable Seventh son of a seventh
son. Feront-ils encore mieux avec le prochain ? C'est tout ce que je leur
souhaite !
Line-up : Bruce Dickinson (chant), Steve Harris (basse), Janick Gers (guitare), Adrian Smith (guitare), Dave Murray (guitare), Nicko McBrain (batterie)