(Studio, 2006)
Eh oui, déjà sept ans en 2006 depuis le retour des "enfants
prodigues" Dickinson et Smith au sein de la Vierge de Fer. Et ces sept
années furent le temps nécessaire à une véritable
montée en puissance, à une phase de recherche et quelques tâtonnements
avant de pouvoir nous proposer enfin l'album que tout le monde attendait
depuis le génial et insurpassable Seventh son of a seventh son
sorti en 1988. Si Brave new world avait fait l'effet d'un coup d'éclat
direct, efficace et fort plaisant, j'avais pour ma part préféré
Dance of death pour les ambiances que le groupe était parvenu
à créer à travers certains titres comme Dance of death
justement, mais aussi Paschendale, Face in the sand ou encore
Journeyman. Ce sont justement ces côtés épiques
et progressifs que le groupe a encore poussé un cran au dessus avec son
dernier né intitulé A matter of life and death. Le ton
du disque est globalement sombre, traitant principalement de la guerre et de
la religion qui ont pour point commun d'entraîner régulièrement
les hommes vers la folie la plus meurtrière. Ce côté obscur
ressort bien sur la pochette guerrière (pas vilaine, même si elle
ne vaut pas les bonnes vieilles peintures du bon vieux temps...) nous présentant
cette fois Eddie sur un tank parmi un tas de squelettes. Mais qu'en est-il du
plus important, à savoir de la musique ?
Tout d'abord, il me faut souligner la bonne production de Kevin Shirley qui
met mieux en avant encore les trois guitares. De disque en disque, on sent que
cet aspect est de plus en plus maîtrisé. Jamais Maiden n'a sonné
aussi moderne, ni aussi heavy. Le son est bon, et réellement puissant,
tout en gardant la finesse et le feeling caractéristique des britanniques.
Je dirais par ailleurs que la musique atteint un parfait équilibre entre
la spontanéité résultant de la rapidité du procesus
de création de l'album et une maturité dans l'écriture
qui s'est encore accrue. Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour
un disque qui a été composé et enregistré à
une vitesse record, la musique fourmille de détails et s'avère
d'une complexité telle que de nombreuses écoutes sont nécessaires
pour en apprécier toute la profondeur. De plus, il existe une remarquable
cohésion entre les titres dont aucun ne s'avère faible (même
si Different World est un chouilla en dessous), comme cela avait pu
être parfois le cas par le passé.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette réussite artistique presque
unanimement soulignée par les critiques et le public. Je placerais au
premier rang d'entre eux l'influence majeure retrouvée d'Adrian Smith
dans la composition. Son retour a définitivement fait un bien fou au
groupe ! Mais Dickinson et Harris ne sont pas en reste et se démènent
littéralement sur cet album, tant au niveau performance qu'écriture.
Bruce a apporté un peu du côté pêchu que l'on connaissait
sur ses albums solos à Maiden et cela donne un coup de jeune indéniable
à la vieille dame anglaise. Du coup, Steve est lui aussi plus inspiré
que jamais ! Tant mieux !
Le disque fourmille de très bons moments et j'ai du mal à ressortir
tel ou tel titre du lot. Néanmoins, je pourrais peut-être citer
le sublime et très émotionnel Out of the shadows ou le
single original et intéressant The reincarnation of Benjamin Breeg
qui nous montre un Dave Murray lui ausi en forme olympique (et Gers n'est pas
mal non plus sur un Pilgrim accrocheur et au riff orientalisant du
meilleur effet). Toutefois, le sommet du disque est sans doute atteint sur Brighter
than a thousand suns qui fait d'emblée partie des toutes meilleures
pièces d'Iron Maiden. Heavy, mélodique, complexe, doté
d'une structure à tiroirs et de multiples changements de tempo, on y
sent tout le talent du trio Smith, Harris, Dickinson. On se croirait presque
de retour à l'époque bénie de Somewhere in time
ou Seventh son. La preuve, Adrian a même ressorti sa Guitar synthé
pour l'occasion ! Conclusion : Iron Maiden, à plus de trente ans, est
toujours indétrônable ! Longue vie aux légendes vivantes
du metal ! Puissent-ils nous faire rêver encore longtemps ! Up the
irons!
Le disque est également sorti en édition limitée avec un DVD bonus
incluant le clip de Benjamin Breeg et un "making of" de l'album,
très intéressant pour les fans du groupe.
Line-up : Bruce Dickinson (chant), Steve Harris(basse), Janick Gers (guitare), Adrian Smith (guitare), Dave Murray (guitare), Nicko McBrain (batterie)